FR
Que se passe-t-il en Italie ?
Institutions culturelles occupées par la droite et l’extrême-droite, manœuvres à la limite de la légalité, dédoublement des nominations, police antiémeute aux portes des théâtres publics, pendant que la gauche, à la tête de la ville de Rome, est inerte et incompétente.
Artistes, intermittent·es, et travailleur·euses du spectacle vivant sont actuellement dans une mobilisation sans précédent. Que se passe-t-il en Italie ?
Le système théâtral italien démontre actuellement toutes ses limites ; alors que les œuvres et recherches contemporaines sont de plus en plus absentes, que les productions des théâtres publics nationaux sont monopolisées par les œuvres des directeurs (majoritairement masculins), provincialisme, précarité et externalisation des travailleur·euses. Dans un contexte national où il y a un manque de protection sociale et de droits pour les intermittent·es, de connaissances spécifiques de ceux qui décident de la culture, accès à une formation de qualité, une absence cruelle de financement public aux productions, compagnies, festivals, résidences, centres de création.
À Rome, la quintessence de ces problèmes s'ajoute au manque d'espaces et à une gestion honteuse de la culture, même de la part du centre-gauche. La communauté artistique est à bout et exige autre chose.
20 janvier. Après trois ans de mise sous tutelle du Théâtre National, les partis de droite réunis dans un conseil d'administration nocturne ont imposé par un coup de force, la nomination du nouveau directeur général et artistique du théâtre national de Rome, Luca De Fusco. Après avoir crié au blitz fasciste, la municipalité de centre-gauche de Rome rassemble les artistes et les travailleur·euses de la ville. Malgré cela, quelques heures plus tard, il déclarait avoir trouvé un « accord » avec les mêmes partisans du blitz, acceptant la nomination de De Fusco en échange de la promesse d'un deuxième responsable : la logique de partage du pouvoir que nous connaissons déjà trop bien.
30 janvier. Après une semaine de manifestations, des centaines de personnes se rassemblent devant le Teatro Argentina, salle principale du théâtre national au centre de Rome, alors que la police antiémeute bloque l'entrée. Le déploiement des forces de l’ordre est incompréhensible, tentant d’empêcher la nouvelle assemblée citoyenne constituante des professionnel·les de la culture afin d’exercer leur droit et leur participation au destin d’une institution publique. Au-delà de la méthode, nous rejetons le choix de De Fusco également sur le fond : démonstration parfaite d’un monde en extinction, celui de l'Artiste seul aux commandes, mâle, blanc, cis-hétéro, de plus de 65 ans, loin des transformations rapides du monde contemporain. Une moyenne des dernières programmations artistiques de De Fusco a été faite : les metteuses en scène/chorégraphes représentent moins de 7 % de la programmation et seulement 2,5 % des spectacles sont signés par des artistes de moins de 40 ans.
31 janvier. À nouveau, la police anti-émeute identifient les artistes qui distribuent des tracts, au milieu des spectateur·ices, en face du Teatro India, salle du théâtre national dédié à la création contemporaine.
1er février. L'Assemblée constituante des travailleurs et travailleuses du spectacle se déroule en présence du Maire et du conseiller à la Culture dans une Mairie remplie de plus de 300 personnes.
Les réponses reçues étaient évasives et manquaient de crédibilité. Le fort désir de politique et participation est le fait le plus marquant de cette journée.
Dans une ville de plus en plus militarisée où la police se trouve aux portes des théâtres ; dans un pays qui atteint le niveau minimal d'effervescence culturelle et sociale, ainsi que de capacité critique, nous voulons donner corps à ce désir et à cette vaste communauté.
Le cas du Teatro di Roma constitue non seulement un dangereux précédent pour toutes les nominations futures des institutions culturelles italiennes, mais il est également l'emblème du fonctionnement du système culturel italien. Il est urgent de soutenir et de faire résonner cette mobilisation culturelle et politique, avant que la droite et l'extrême droite ne saturent tout espace d’expression et de transformation.
Nous déclarons l’état de désastre culturel.
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ENG
WHAT IS HAPPENING IN ITALY?
Cultural institutions being occupied by the right-wing with manoeuvres bordering on illegitmacy, partitioning of the assigments, riot-police deployment guarding the entrance of public theatres. In Rome, its cultural and political left-wing representatives, behave with ineptitude and incompetence. The artists and cultural workers are in mobilization.
The public theatrical Italian system is showing all its limits: absence of the contemporary and research, public theatres’ productions monopolized by the directors (all men), provincialism, precariousness and outsourcing of work. The national context shows a lack of welfare and rights for intermittent workers, inadequacy of cultural decision-makers, low quality and limited access to education programs and public founding for productions, companies, festival, artistic residency programs, research centers.
In Rome, adding to these problems, we suffer a lack of spaces for creativity, rehearsals and production and shameful culture management of the City. Our lives are on the verge. We want a whole other thing.
January 20th. After three years of commissioning, the right-wingers in a nocturnal board of directors imposes the assignment of Luca De Fusco as the new general and artistic director of Teatro Nazionale di Roma. After denouncing a fascist blitz and calling for a gathering of artists and art and entertainment workers, the Municipality not only denies its promises of dialogue and participation, but signs an agreement with the advocates of the fascist blitz, accepting De Fusco assignment in exchange of the promise of a second person in the management and sanctioning a principle of mere political subdivision of power.
30th of January. After a week of crowded assemblies, hundreds of artists and workers gathered in front of the Teatro Argentina in the center of Rome but were welcomed by a deployment of the police riot department blocking the entrance. An incomprehensible unfolding of law enforcement tried to impede to the newborn Art workers’ constituent assembly and to the citizens their right to care and be directly involved in the public institution. The choice of De Fusco is critical as a matter of method and as matter of substance: it narrates a dying world, far of the fast transformations of the contemporary world, where a cultural institution is lead by a white, cis-hetero, over 65, man. In his theatre seasons the women directors/choreographers represents less than the 7% of the program and only the 2,5% of the shows are created by artists under 40.
January 31th. Again. In front of the Teatro India, Digos and riot police department identified artists distributing flyers and people in the audience.
February 1st. Art workers’ constituent assembly took place in presence of the Mayor and the City Councilor of Culture in a room of the Municipality full of more than 300 people. The answers received during the meeting were evasive and devoid of credibility. The strong desire of being involved in politics is the most important fact of the day.
In a city increasingly militarized in which law enforcement guard the theaters; in a country touching the minimum levels of cultural and social liveliness, as well as its critical capacity, we want to embody this broad community desire. The Teatro di Roma’s case not only represents a dangerous precedent for the future nominations of the other cultural national institutions, but is the symbol of how the cultural system in Italy works. It is urgent to support and to resonate this cultural and political mobilization, before the right-wingers saturates every space of expression and transformation. We declare the state of cultural disaster.
Art workers’ constituent assembly
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ESP
¿Qué está pasando en Italia?
Instituciones culturales ocupadas por la derecha con maniobras al limite de la legitimidad, división de nominaciones, policia antidisturbios custodiando los teatros publicos, la izquierda que gobierna la ciudad de Roma inepta e incompetente.
Artistes, trabajadores, y profesionales del espectáculo, se están movilizando. ¿Qué está pasando en Italia?
El sistema teatral italiano muestra todos sus límites: ausencia del contemporáneo y de investigación, producciones de los Teatro públicos nacionales monopolizadas por los directores (todos hombres), provincialismo, precariedad y subcontratación de les trabajadores. En un contexto nacional que carece de bienestar y derechos para les intermitentes, conocimiento específico de quienes deciden sobre cultura, calidad y acceso a la formación y financiación pública para producciones, compañías, festivales, residencias artísticas y centros de investigación.
En Roma la quintaesencia de estos problemas se suma a la falta de espacios y a una gestión vergonzosa de la cultura, también por parte del centro-izquierda. Nuestras vidas están al límite. Queremos algo completamente diferente.
20 de Enero. Tras tres años de comisionado, los derechistas en un CdA nocturno, impusieron con un golpe de mano el nombramiento del nuevo director general y artístico del Teatro Nacional de Roma, Luca De Fusco. Tras denunciar un blitz fascista, el Consejo Municipal de Roma, de centro-izquierda, convocó a les artistes y trabajadores de la ciudad. A pesar de ello, unas horas más tarde declaró haber llegado a un "acuerdo" con los mismos partidarios del blitz, aceptando el nombramiento de De Fusco a cambio de la promesa de una segunda figura directiva: la lógica del reparto del poder que conocemos demasiado bien.
30 de enero. Tras una semana de asambleas multitudinarias, cientos de artistes y trabajadores se reunieron para una asamblea frente al Teatro Argentina, en el centro de Roma, pero se encontraron con la policía antidisturbios bloqueando la entrada. Un incomprensible despliegue de las fuerzas del orden que trató de impedir que la recién constituida Asamblea Constituyente de Trabajadores de las Artes Escénicas y la ciudadanía ejerciera su derecho a cuidar y participar en un Bien público. Además del método, también rechazamos la elección de De Fusco en su mérito: es una elección que habla de un mundo en extinción, el del Artista solo al mando, masculino, blanco, cis-hetero, de más de 65 años, alejado de las rápidas transformaciones del mundo contemporáneo. Un ejemplo de sus temporadas: las mujeres directoras/coreógrafas representan menos del 7% de la programación y sólo el 2,5% de los espectáculos están firmados por artistas menores de 40 años.
31 de Enero. De nuevo. Frente al Teatro India, policías antidisturbios identifican a les artistes que reparten octavillas y a les espectadores.
1 de Febrero. Se celebra la Asamblea Constituyente de les Trabajadores de las Artes Escénicas en presencia del Alcalde y el Concejal de Cultura en un Salón Municipal lleno, con más de 300 personas. Las respuestas recibidas fueron evasivas y carentes de credibilidad. El fuerte deseo de hacer política es el hecho más llamativo de la jornada. En una ciudad cada vez más militarizada, en la que las fuerzas del orden acuartelan los teatros; en un país que está alcanzando sus cotas más bajas de vivacidad cultural y social, así como de capacidad crítica, queremos dar cuerpo a este deseo y a esta amplia colectividad. El caso del Teatro di Roma no sólo sienta un peligroso precedente para todos los futuros nombramientos de grandes instituciones culturales, sino que también es emblemático del funcionamiento del sistema cultural en Italia. Es urgente apoyar y hacer resonar esta movilización cultural y política, antes de que las derechas saturen cualquier espacio de expresión y transformación. Declaremos el estado de catástrofe cultural.
Asamblea Constituyente de les Trabajadores de las Artes Escénicas
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Link: https://www.teatroecritica.net/2024/01/perche-de-fusco-al-teatro-di-roma-non-e-la-scelta-giusta/?fbclid=IwAR2kDhb13KVy1OMF8iTeDyzySK7Ol5SmZ6D-Xfjz1Qt4BY-U7BKrxoZB7Xs)